Municipales 2020 – Le déclic Vert des français?

Trois mois après le premier tour, les élections municipales ont eu lieu. De nombreux revirements ont eu lieu sur la scène politique. Un évènement en particulier attire l’attention : Les résultats montrent clairement une montée importante du parti écologiste dans les scrutins. Surnommée « Vague Verte », la popularité du mouvement des Verts ne passe pas inaperçue. Ces votes orientés écologie pourraient-ils montrer l’évolution de nouvelles tendances dans le comportement des français-es? Retour sur les derniers événements.

En raison du contexte de la crise sanitaire du COVID-19, le déroulement des élections municipales s’est vu totalement chamboulé. Maintenu, le premier tour s’est déroulé le 15 mars dernier, deux jours avant le début du confinement. A l’inverse, le deuxième tour se reporte et s’est finalement joué ce 28 juin. Il marque la fin de ces élections particulières.

Au vu de la pandémie mondiale, les partis politiques s’adaptent pour faire campagne. La carte du numérique s’emploie grandement pour toucher les électeurs. Malgré un taux d’abstention record, les résultats des scrutins montrent une montée historique du parti écologiste Europe Écologie – Les Verts. Celui-ci détrône en effet de leurs sièges plusieurs opposants dans la plupart des grandes villes de France.

Victoires les plus notables des Verts

L’exemple le plus flagrant d’une montée du parti écologiste s’observe dans la ville d’Annecy. C’est un revirement non négligeable pour l’agglomération où, depuis plus de soixante ans, le parti Centre-Droit s’impose. Le candidat d’Europe Écologie – Les Verts, François Astorg, remporte la bataille avec 44,74% des voix. Ce sont presque 8000 voix recueillies au premier tour. En 2014, il obtenait 1735 voix au premier tour des élections soit presque cinq fois moins qu’en 2020. La montée du parti EELV est indéniable.

D’autres grandes villes passent aussi du côté des Verts. C’est le cas de Bordeaux où le candidat Pierre Hurmic l’emporte avec 46,48% des voix, soit 26 509 votes au deuxième tour. En 2014, le candidat socialiste Vincent Feltesse, soutenu par les écolos, remportait 17 224 voix au premier tour.

EELV s’impose fortement dans la ville de Lyon. En 2014, le candidat Étienne Tête terminait le premier tour avec seulement 13 065 votes en faveur. Grégory Doucet, candidat de ces municipales 2020, passe le premier tour avec plus de 30 000 voix. Il sort vainqueur avec un score de 52,40%. À Strasbourg, Jeanne Barseghian passe en tête avec 41,70% des voix. On note une différence flagrante avec 2014, comme pour toutes les autres villes cités précédemment. En effet, l’ancien candidat Verts récoltait 6059 votes au premier tour contre 13532 aux dernières élections.

Une victoire qualitative historique

Ces quatre grandes villes sont des exemples concrets d’une montée notable du parti écologiste depuis les dernières élections municipales de 2014. D’autres agglomérations, comme Tours, Poitiers ou encore Besançon, passent également du côté des Verts. Les élus sortants PS, alliés au parti EELV, sont une autre preuve de la victoire écologiste. Les villes de Nancy, Montpellier, Nantes, Rennes, Marseille et enfin Paris sont alors également des victoires Vertes. N’oublions pas non plus  Lille et Toulouse où le parti écologiste perd de peu et termine en seconde position.

Côté chiffre, les résultats montrent une autre réalité. Sur 236 villes de plus de 30 000 habitants, les Verts en remportent seulement 11. Ceci représente moins de 5% du total. Vu sous cet angle, la victoire ne semble pas si grandiose. Toutefois, dans les villes de plus de 100.000 habitants, un pourcentage plus élevé ressort. 8 villes sur 39 ont à présent des maires écologistes, soit 20.5%. Le succès est donc bien présent. C’est une victoire qualifiée non pas de quantitative, mais dite « qualitative » par les médias.

Les Verts et leurs programmes d’action

Grenoble : finaliste Capitale Verte Européenne

À Grenoble, le candidat sortant Éric Piolle est réélu avec 53% des voix. Il était en 2014 le premier maire écologiste élu en France d’une ville de plus de 100.000 habitants. Depuis sa première élection, les projets s’enchaînent dans la ville. Grenoble est aujourd’hui candidate au titre de Capitale Verte Européenne 2022. Dans un reportage pour France 24, le maire explique que son plus grand défi est la mise en place d’une « action cohérente« . Il recherche un équilibre entre les dimensions sociales, environnementales et économiques. « Les trois vont de paire » précise-t-il.

Aussi, la question de la mobilité est un sujet central de son mandat pour « développer les transports en commun, le vélo et la marche à pied« . L’élu écologiste veut résoudre les problèmes actuels par l’émergence d’un nouveau modèle. Après sa réélection, Éric Piolle annonce que ceci « montre une adhésion massive dans tous les milieux, y compris les milieux populaires, et de tous les âges, y compris les aînées« .

Poitiers : la « surprise Verte »

Dans la Vienne, la candidate Europe Écologie – Les Verts, Léonore Moncond’huy, détrône le parti socialiste présent depuis plus de 40 ans à Poitiers. Sa victoire s’affiche comme la « première surprise Verte » des municipales. Dans une interview pour 20 minutes, elle annonce sa volonté de « réappropriation des institutions locales par les habitants » et de vouloir « faire de la politique autrement« . Autrement dit, changer la pratique traditionnelle des partis et s’accorder au besoin citoyen actuel. À part la gestion plus urgente de la crise dû au Coronavirus, ses lignes d’actions principales s’orienteront vers la mobilité, favoriser le « sans voiture », développer la pratique du vélo, ou encore la transition énergétique.

Paris : la Capitale Verte

Dans la capitale, la candidate sortante Anne Hidalgo est majoritairement réélue. Dès son premier mandat, la candidate du PS fait de l’écologie un point clé de son programme. Diminuer les émissions de gaz à effet de serre et favoriser la pratique du vélo avec les nouveaux Velib’ sont par exemple quelques-unes de ses actions. L’élue annonce agir pour « un Paris qui respire, un Paris plus agréable à vivre, une ville plus solidaire ». Lors de sa campagne municipale, les objectifs environnementaux en cas de réélection sont abordés très clairement. L’accent sera ainsi mis, dans la continuité de son premier mandat, sur des projets de mobilités, entre autres. La piétonisation des abords du canal Saint-Martin, le Paris « 100% vélo » ou encore la pérennisation des pistes cyclables installées pendant le confinement en sont des exemples.

Le vote vert change la donne pour les années à venir - L'écologie en marche ?
Le vote vert change la donne pour les années à venir – L’écologie en marche ?

Les autres lignes d’actions

La mobilité est aussi prioritaire du côté de Lyon. Le nouvel élu annonce son désir de développer la piétonisation de la ville et ainsi favoriser les commerces de proximité. Un projet d’introduction d’au moins 50% de produits locaux dans les cantines sera aussi discuté pour favoriser les circuits courts. Le nouveau maire de Bordeaux déclare l’urgence climatique comme objectif primordiale de son mandat et annonce la prise de mesures rapides. Il se veut également rassurant envers les différents acteurs économiques : « nous n’allons pas renverser la table, nous allons la réparer« .

L’entrée de l’écologie dans le monde politique

L’ensemble de ces motivations écologiques, économiques et sociales émergent après des années de parcours Verts militantisme. L’environnement est actuellement un sujet traité par une majorité de partis en politique. Cependant, il n’en a pas toujours été ainsi.

Émergence d’une conscience citoyenne écologique

Au niveau citoyen, une préoccupation écologique apparait vers la fin du XVIIIe siècle. L’importance d’une conservation de la faune et de la flore commence a émerger. Par la suite, les conséquences de l’activité humaine ainsi que les alertes du monde scientifique renforcent cette prise de conscience. Depuis plusieurs années maintenant, la recherche démontre l’impact de l’activité humaine sur notre écosystème planétaire. L’invasion du plastique, l’utilisation à perte des matières fossiles ou bien la disparition des pôles, le changement climatique… sont des thèmes aujourd’hui plus que connus de la société.  

L’écologie se fait une place en politique

L’écologie politique, elle, apparaît il y a 50 ans en France. En effet, des organisations de défenses environnementales commencent à se former au début des années 1970 et à associer l’environnement à une réflexion politique. Ce sont par exemple, Les Amis de la Terre ou le Mouvement d’Écologie Politique (MEP). C’est en 1974 que René Dumont devient le premier candidat écologiste à se présenter à la présidentielle. Il ne passera pas le premier tour avec un faible score de 1.32%. Il faudra ensuite une dizaine d’années de structuration pour que le parti politique les Verts se créé.

Les Verts s’imposent aux Européennes

Plus récemment, le mouvement Europe Écologie se démarque aux élections Européennes de 2009 et rassemble 16% des suffrages. Le succès de cette liste entraîne la fusion en 2010 des Verts et d’Europe Écologie pour créer le parti « Europe Écologie – Les Verts » ou EELV connu aujourd’hui. Après sa création, EELV se présente avec la candidate Eva Joly aux élections présidentielles de 2012. Il se retire ensuite des présidentielles de 2017 pour se rallier au candidat socialiste Benoît Hamon. Malgré les difficultés connues par le parti, la balance semble s’inverser lors des élections européennes de 2019. Avec 13.5% des sièges remportés, le député européen écologiste Yannick Jadot annonce avec succès que EELV est alors la « 3ème force politique en France« .

Yannick Jadot, la figure de proue du parti EELV
Yannick Jadot, la figure de proue du parti EELV

À la suite de cette montée aux Européennes, beaucoup de questionnement naissent concernant les prochaines élections municipales et la fidélisation des électeurs. En effet, la liste écologiste obtient généralement ses meilleurs résultats au niveau européen. A noter que 2019 reste la meilleure avancée enregistrée. Selon Daniel Boy, spécialiste de l’écologie politique, les électeurs attribuent une plus grande confiance en l’Europe concernant les thèmes de protections de l’environnement. Cela s’explique par l’importance des directives européennes à l’origine de la majorité des actions nationales. Toujours est-il que les électeurs semblent avoir été fidèles et leurs intentions suivent jusqu’aux municipales.

Pourquoi une montée des votes écolo ?

Le vote écologiste est donc notablement en hausse. Ceci s’est traduit lors des élections Européennes de 2019, et plus récemment, par la montée victorieuse du parti EELV dans les grandes villes de France. Comment peut-on expliquer cette soudaine montée des suffrages Verts et qui sont ces électeurs ?

Des avantages tirés de la situation actuelle

Simon Persico, professeur des Universités en sciences politiques, s’exprime sur le sujet dans un entretien avec le media The Conversation. Il explique tout d’abord que la situation politique actuelle joue en faveur du parti EELV. Les Verts occupent en effet un espace laissé libre par l’affaiblissement du Parti Socialiste depuis 2017. Ceci leur permet de gagner en puissance. De plus, les résultats obtenus aux dernières Européennes renforcent la crédibilité du parti et attirent de nouveaux militants.

Des enjeux qui trouvent un sens dans les foyers

Dans le même article, le professeur évoque aussi le fait qu’une meilleure communication politique est mise en place par EELV sur ses enjeux et objectifs. Et ces derniers prennent davantage d’importance dans le débat public actuel. Une partie de la société civile développe une conscience environnementale plus aigüe. Des sujets tels que l’alimentation, la mobilité, l’énergie ou la biodiversité deviennent centraux. Le développement de l’économie local devient par exemple plus important. Le consommer français se valorise.

De même, ces dernières années, les ONG environnementales se multiplient et se font plus visibles, parfois même davantage offensives. Des mouvements et associations solidaires se développent avec plus d’entrain. Les marches pour le climat rassemblent des milliers de personnes dans les rues et se rallient aux mouvements sociaux. Les objectifs sociaux et environnementaux convergent et se soutiennent. Comme le précise Simon Persico: « la lutte contre les inégalités et la lutte environnementale vont de pair« .

Un sondage d’Harris interactive « Les français et l’écologie » a cherché à connaître la préoccupation réelle des français-es concernant l’environnement. L’étude montre qu’une grande majorité de la population, 69%, se sent pessimiste quand à l’avenir de la planète. Cependant, 72% développent un intérêt toujours plus accru pour les enjeux environnementaux. L’étude dévoile d’autant plus que les français-es positionnent l’écologie en deuxième position des thèmes d’importance lors d’une décision de vote. C’est un fait, l’environnement est devenu un thème central pour la population française. Les électeurs font savoir qu’ils attendent des réponses du gouvernement sur le sujet.

Le confinement : accélérateur de transition

Le confinement a très certainement joué un rôle important dans ces élections. Pagachey détaille la question dans un précédent article intitulé « Confinement et Covid-19: Impacts sur la consommation alimentaire des Français« . Des modifications des comportements alimentaires au sein de la population française se constatent pendant le confinement: consommation locale en augmentation, achats privilégiés chez les commerces de proximité, recours à des associations solidaires en hausse, gaspillage en baisse…

La consommation locale et biologique a fortement augmenté pendant cette période. De même qu’une volonté de la population d’apporter un soutien envers l’agriculture local après le confinement. Beaucoup de personnes s’annoncent aussi désireuses de conserver ces habitudes sur le long terme. Le confinement a ainsi joué un rôle d’accélérateur de transition vers une consommation alimentaire plus réfléchie. Cette prise de conscience rejoint les objectifs et enjeux des Verts juste en amont d’élections décisives.

Le discours collapsologique

De pair à une sensibilisation écologique croissante, un discours catastrophique perce. Celui-ci évoque le mur contre lequel l’être humain est en train de se précipiter en accélérant la dégradation de son environnement. L’audience de ce discours catastrophique augmente considérablement, de même que les doutes de son bien fondé.

L’étude menée par l’Institut Aristoclès sur le sujet montre que 72,4% des sondés se rallient au discours catastrophique d’un effondrement proche. 88,9% associent cette chute à l’environnement. Celui-ci sera à l’origine de l’écroulement des autres secteurs : l’économie et le social. Le docteur en science économique, Bruno Deffains, s’exprime sur le sujet. Il précise que selon lui, il ne faut pas considérer la collapsologie comme une science. Même si celle-ci « s’appuie sur des éléments scientifiques« . De plus, cet effondrement reste une possibilité parmi tant d’autres.

La théorie d’une catastrophe écologique est cependant possible. Selon Bruno Deffains, il est important d’en parler pour s’interroger. Ce discours est utile et nous amène à ne pas « relâcher les efforts » et à « repenser nos institutions« .

Qui sont les électeurs Verts?

Selon l’étude effectuée par le groupe Harris Interactive, l’intérêt écologique est plus marquant chez les moins de 35 ans. Le professeur Simon Persico précise que pour lui, l’âge est effectivement une variable déterminante. Un autre sondage réalisé par Ipsos pour les européennes 2019 confirme ces données. 27% des votants sont âgés de 35 ans et moins. EELV remporte bien un fort succès chez les plus jeunes.

Ces résultats surprennent car, historiquement, EELV ne réalisait pas de bon score auprès de cette catégorie de la population. Cette récente prise de conscience mondiale et verte, portée par la génération, dite « Génération climat », se mobilise envers une urgence écologique, mais aussi sociale. La question est maintenant de savoir si à l’avenir ces populations jeunes se fidéliseront sur le long terme à ce militantisme écologique.

Des votes hors zones rurales

L’électeur Vert est donc en majorité jeune, mais aussi urbain. La fondation Jean Jaurès montre dans un de ses dossiers que le nombre d’habitants d’une commune entre directement en relation avec les votes en faveur EELV. Ainsi, plus le nombre d’habitants augmente, plus les voix « vertes » augmentent.

La fondation explique que « la forte audience EELV dans les grandes villes s’explique en bonne partie par un facteur sociologique« . En effet, au sein de l’agglomération même, le vote écolo varie en fonction de la classe social, de la profession ou du mode de vie. Il ressort par exemple que les votes EELV se concentrent dans les quartiers les plus aisés de la capitale française. Mais aussi dans des villes majoritairement universitaires ou axées sur la recherche.

Un vote « bobo » certes

Le terme « bobo » est alors beaucoup employé pour qualifier les électeurs écologistes. Ceux-ci vivent en ville, sont diplômés et plus aisés. Sylvie Tissot, sociologue et professeure de science politiques explique cependant la dangerosité d’employer de tels termes qui empêcherait  « une analyse plus profonde des hiérarchies qui traversent le monde social » et de minimiser les valeurs porter par le mouvement écologiste.

Mais pas exclusivement !

Cependant, des changements semblent se dessiner. Si bien l’idée générale présente l’électeur écologique comme « privilégié », une enquête Kantar dévoile d’autres chiffres. 91,1% des retraités affirment qu’il est nécessaire d’agir pour les prochaines générations. Un grand pourcentage des plus de 50 ans, 67,9%, affirme que la question climatique n’est pas assez prise au sérieux. Les ouvriers et les non-diplômés aussi s’expriment et voient l’écologie comme une « opportunité« , comme un sujet assimilable par tous.

Pour finir, dans son étude, la fondation Jean Jaurès précise également que « 1 personne sur 10 en zone rural privilégie un vote écologiste« . Les votes écolos ne sont donc pas absents des zones rurales et les préoccupations écologiques semblent toucher différentes classes d’âge et sociales. Ajoutons enfin que l’écologie est un sujet qui concerne tout le monde. Une enquête réalisée par Destin Commun dévoile que 68% des français-es voit l’environnement comme « un enjeu qui peut nous réunir par-delà nos divisions« .

La préoccupation environnementale se globalise

Le militantisme écologique augmente donc et l’environnement devient un sujet pivot des campagnes politiques. Beaucoup de candidats sont amenés à se prononcer sur le sujet et le thème environnemental n’est plus cantonné aux seuls écologistes.

Dans ce contexte, le président Emmanuel Macron décide en 2019 la création d’une Convention Citoyenne pour le Climat, une expérience inédite. Les 150 membres tirés au sort se penchent pendant 9 mois sur la question suivante : Comment réduire d’au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, dans le respect de la justice sociale ? Le 29 juin 2020, le président recevait les 146 propositions finales et promet alors des réponses « fortes« .

L’accès des écologistes à de plus hautes positions permet d’ouvrir le dialogue et d’amorcer un mouvement de mobilisation. Les résultats de ces municipales démontrent une évolution de la société française, surtout dans les villes où l’électorat est le plus sensibilisé aux questions environnementales.  Néanmoins, les Verts ont certes remporté de grandes victoires, il faut rester prudent. Rappelons que l’abstention a été historique lors des ces municipales.

La prochaine étape se jouera maintenant au niveau des métropoles avec l’élection des présidents et vice-présidents. Construire une majorité à cette échelle sera décisif pour la suite. Et pour les prochaines présidentielles.

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